Laboratoire d'archéologie du Québec
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Fragments de marmite. Face externeImage
Photo : Joey Leblanc 2018, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Fragments de marmite. Face interneImage
Photo : Joey Leblanc 2018, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Fragments de marmite. Détail du décorImage
Photo : Joey Leblanc 2018, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Fragments de marmite. Détail de la pâteImage
Photo : Joey Leblanc 2018, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal

LOCALISATION

PROVENANCE ARCHÉOLOGIQUE+

Provenance archéologique

EdBt-3 > Numéro de catalogue 96

Région administrative

Côte-Nord

MRC

Le Golfe-du-Saint-Laurent

Municipalité

Côte-Nord-du-Golfe-du-Saint-Laurent

Fonction du site

domestique
pêche

ÉVALUATION D'INVENTAIRE+

Les fragments de marmite font partie de la collection archéologique de référence du Québec parce qu'ils représentent un récipient dont le type compte parmi les objets les plus fréquemment trouvés sur les sites anciens basques. Il s'agit aussi d'une marmite faite dans une matière première particulière et dont un fragment d'anse porte un décor estampé.

SYNTHÈSES ET RÉFÉRENCES+

Synthèse historique

Les fragments de marmite représentent un récipient, habituellement à fond légèrement plat, qui sert à la cuisson des aliments. La marmite est faite en terre cuite grossière à pâte chamois micacée, à inclusions rouges importantes, rosâtre et sans glaçure. Elle peut servir à préparer le repas pour un petit groupe de personnes. Fabriquée en Europe, fort probablement en Espagne ou en France, au XVIe ou au début du XVIIe siècle, elle est apportée à l'île du Petit Mécatina à bord d'un navire de pêche basque. Les tessons mis au jour sont peu nombreux, de petite taille et la plupart ne recollent pas. De plus, ils sont répartis sur une large étendue du site archéologique comportant les aires adjacentes numéros 1, 2 et 4, où ils sont mis au jour en août 2002, 2003 et 2004. Malgré cela, les tessons sont regroupés en raison de l'utilisation de la même matière première, autrement rare sur le site, et en raison de la similarité morphologique des fragments qui permet de les comparer avec les marmites. L'objet est donc extrêmement fragmentaire. Les aires de fouille concernées sont des zones qui témoignent de plusieurs occupations successives et sont donc, du moins pour le secteur de l'aire 1, extrêmement bouleversées. Par conséquent, les objets associés à la présence basque datant du XVIe siècle qui y sont trouvés sont toujours très fragmentaires et très fragmentés, les tessons ayant généralement une petite taille. Le fragment d'anse de cette marmite porte un décor fait par estampage dont le motif végétal, quoique partiel, est identique au décor retrouvé sur les attaches d'anses d'une autre marmite, trouvée dans un contexte subaquatique en 2007.

La forme aux courbes continues de ces marmites ainsi que leur paroi mince et régulière, surtout au niveau du fond, se prêtent parfaitement à une cuisson en exposition directe aux flammes. Elles peuvent donc être suspendues directement au-dessus d'un foyer. De plus, leur morphologie et les parois minces permettent d'accélérer la répartition de la chaleur pendant la cuisson. Le point le plus fort de ces objets se trouve au niveau du col et du rebord, là où elles sont maintenues au-dessus du feu. Aussi, une aire de cuisine basque a été découverte sur le site terrestre de Petit Mécatina et plusieurs petits foyers et une quantité importante de vaisselle est mise au jour en 2009. Elle est adjacente aux aires 1 et 2, où les tessons de cette marmite ont été trouvés.

La marmite à fond arrondi ou plat, et habituellement à deux anses verticales, devient le marqueur céramique par excellence des stations baleinières basques du XVIe siècle. Elle suit de près les tuiles à toiture omniprésentes sur tous ces sites. Mais il n'a pas encore été possible de déterminer hors de tout doute l'origine de ces objets si populaires auprès des pêcheurs basques du XVIe siècle. Plusieurs provenances, en France et en Espagne, ont été proposées, mais seules des études physico-chimiques ou la découverte d'un site de production pourront éventuellement apporter des précisions. Le fragment EdBt-3-714 de la marmite a été détruit en 2016 afin d'effectuer des analyses physico-chimiques de la pâte.

Malgré une morphologie très similaire des pots retrouvés dans les stations baleinières basques du Québec et du Labrador, il y a des différences plus ou moins marquées dans les matériaux de fabrication et les décors des marmites. Les inclusions dans la pâte ainsi que les couleurs peuvent varier au point qu'il faille envisager l'implication de différents centres de production dans leur fabrication et le recours à différentes sources de matières premières. De plus, le décor si typique des bandes verticales appliquées à la molette n'apparaît pas sur toutes les marmites et les décors estampés sont encore plus rares. À Petit Mécatina, par exemple, plusieurs types de marmites ont été identifiés par l'observation visuelle des pâtes qui les composent.

RÉFÉRENCES

ALVARO ZAMORA, María Isabel. Cerámica aragonesa. Vol. 2. Zaragoza, Ibercaja, 2002. 255 p.
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FITZHUGH, William W. et Helena H. SHARP. The Gateways project 2003. Surveys and Excavations form Hare Harbour to Jacques Cartier Bay. Rapport de recherche archéologique [document inédit], Artic Studies Center/Depart. of Anthropology, National Museum of Natural History, Smithsonian Inst., 2003. 16 p.
FITZHUGH, William W. et Matthew D. GALLON. The Gateways Project 2002: Surveys ans Excavations from Petit Mécatina to Belles Amours. Rapport de recherche archéologique [document inédit], Artic Studies Center/Depart. of Anthropology, National Museum of Natural History, Smithsonian Inst., 2002. 174 p.
FITZHUGH, William W., Anja HERZOG, Brenna MCLEOD et Sophia PERDIKARIS. « Ship to Shore: Inuit, Early Europeans, and Maritime Landscapes in the Northern Gulf of St. Lawrence ». FORD, Ben, dir. The Archaeology of Maritime Landscapes (When the Land Meets the Sea). New York, Springer, 2011, p. 99-128.
GUSSET, Gérard. « La poterie commune et le grès des sites subaquatique et terrestre à Red Bay ». BERNIER, Marc-André, Robert GRENIER et Willis STEVENS. L'archéologie subaquatique de Red Bay : la construction navale et la pêche de la baleine basques au XVIe siècle. Ottawa, Parcs Canada, 2007, p. 51-120.
HERZOG, Anja. « L’Île du Petit Mécatina sur la Basse-Côte-Nord du Québec - résultats préliminaires des analyses céramiques d’un site voué aux activités de pêche saisonnière dans le Golfe du Saint-Laurent entre le XVIe et le XVIIIe siècle ». PENDERY, Steven R. et Fabienne RAVOIRE. Migrations, transferts et échanges de part et d'autre de l'Atlantique. Histoire et Archéologie des XVIe et XVIIe siècles. Québec, Éditions du CTHS, 2011, p. 121-141.
ORTON, Clive, Paul TYERS et Alan VINCE. Pottery in Archaeology. Cambridge, Cambridge University Press, 1993. 269 p.
PETRUCCI, Jean Ferdinand. Les poteries et les potiers de Vallauris 1501-1945. École des hautes études en sciences sociales, 1999. s.p.
RICE, Prudence M. Pottery Analysis: A Sourcebook. Chicago, University of Chicago Press, 1987. 559 p.