Laboratoire d'archéologie du Québec
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Fragments de marmite. Faces externesImage
Photo : Émilie Deschênes 2019, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Fragments de marmite. Faces internesImage
Photo : Émilie Deschênes 2019, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Fragments de marmite. Détail de la pâteImage
Photo : Émilie Deschênes 2019, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Fragments de marmite. Détail du prélèvement pour analysesImage
Photo : Émilie Deschênes 2019, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal

LOCALISATION

PROVENANCE ARCHÉOLOGIQUE+

Provenance archéologique

EdBt-3 > Numéro de catalogue 7323

Région administrative

Côte-Nord

MRC

Le Golfe-du-Saint-Laurent

Municipalité

Côte-Nord-du-Golfe-du-Saint-Laurent

Fonction du site

domestique
pêche

ÉVALUATION D'INVENTAIRE+

Les fragments de marmite font partie de la collection archéologique de référence du Québec parce qu'ils sont clairement identifiés comme appartenant à une marmite en terre cuite à pâte rougeâtre et sans glaçure, un matériau rare sur le site.

SYNTHÈSES ET RÉFÉRENCES+

Synthèse historique

Les fragments de marmite représentent un récipient qui fait partie de la vaisselle destinée à l'alimentation et à la cuisson des aliments. La marmite est en terre cuite grossière à pâte rougeâtre et sans glaçure. De petite taille, elle peut servir à la préparation de repas pour une à deux personnes, peut-être trois. Fabriquée en Europe, fort probablement en Espagne ou en France, au XVIe ou au début du XVII siècle, elle est apportée à Petit Mécatina à bord d'un navire de pêche basque. Le noircissement partiel et la présence de suie témoignent de son utilisation pour la cuisson. La partie inférieure de la marmite est manquante, mais elle avait possiblement un fond plat et épais et, contrairement aux marmites à fond arrondi ou aplati et mince, qui étaient suspendues au-dessus du feu, cette marmite devait être placée sur le sol près des braises d'un feu pour la cuisson, ce qui explique les traces d'utilisation sur le haut de son corps et ses anses. Aucun pot à cuire complet de ce type n'est récupéré à l'île du Petit Mécatina, mais plusieurs hauts de corps similaires, faits de la même matière céramique, ainsi que plusieurs fonds plats d'une matière similaire sont mis au jour sur le site.

La marmite est jetée par-dessus bord d'un navire ancré dans l'anse du Petit Mécatina et est récupérée dans un sondage immédiatement au nord des monticules de pierres de lest SP-4 et SP-6. Le même secteur de fouille livre une panoplie d'objets, dont de nombreuses céramiques, tels trois réchauds, plusieurs autres pots ou marmites, des jarres à olives ibériques et des écuelles en majolique aragonaise. Des pièces de barriques et des déchets de bois témoignant du travail des tonneliers et des charpentiers y sont aussi découverts, de même que des restes alimentaires variés, des récipients en bois, un anneau de vannerie, un manche de couteau, des fragments de chaussures, des perles de chapelet en matériaux variés, une coquille de pétoncle géant, des cendrées ou chevrotines et une balle de mousquet ainsi que des déchets liés à la fabrication sur place de ces munitions, une ancre de petite embarcation, des tuiles à toiture et des pierres de lest. Plusieurs os de baleine et de morue trouvés sur le site confirment la poursuite de ces cétacés et les activités de pêche par les Basques à Petit Mécatina.

Les marmites à pâte de couleur rougeâtre, généralement à fond plat, tout comme les marmites chamois à fond plus ou moins arrondi, sont des témoins importants des stations baleinières établies par les Basques à «¿Terranova¿» au XVIe siècle. Malgré leur ressemblance avec certaines productions céramiques françaises, leur véritable origine n'est pas encore connue et une provenance espagnole est aussi possible pour ces objets. Une analyse physico-chimique des objets, ou la découverte d'un site de production pourront éventuellement apporter des précisions. Un fragment a été prélevé sur le tesson EdBt-3-7576 de la marmite en 2016 afin d'effectuer des analyses physico-chimiques de la pâte.

À Petit Mécatina, ces marmites, ainsi que des pots à anse faits en pâte rougeâtre, se retrouvent presque exclusivement dans les dépôts subaquatiques. Il semble qu'elles étaient surtout utilisées à bord des navires et très peu sur le site terrestre, pour la cuisson des aliments, contrairement aux marmites à fond arrondi. La préparation des repas pour l'ensemble de l'équipage se faisait vraisemblablement dans un grand chaudron métallique sur un fourneau, plutôt qu'en petites quantités dans des marmites de volume somme toute limité. Par contre, il n'est pas toujours facile de démontrer de quelle manière étaient organisées la préparation et la distribution des repas sur les navires de pêche de l'époque.

RÉFÉRENCES

FITZHUGH, William W. et Erik PHANEUF. The Gateways Project 2013. Land and Underwater Excavations at Hare Harbour and Brador. Rapport de recherche archéologique [document inédit], Smithsonian Institution/Université de Montréal/Artic Studies Center, 2014. 126 p.
GUSSET, Gérard. « La poterie commune et le grès des sites subaquatique et terrestre à Red Bay ». BERNIER, Marc-André, Robert GRENIER et Willis STEVENS. L'archéologie subaquatique de Red Bay : la construction navale et la pêche de la baleine basques au XVIe siècle. Ottawa, Parcs Canada, 2007, p. 51-120.
PETRUCCI, Jean Ferdinand. Les poteries et les potiers de Vallauris 1501-1945. École des hautes études en sciences sociales, 1999. s.p.