Côte-Nord

Le Golfe-du-Saint-Laurent

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Les fragments de marmite ou de pot font partie de la collection archéologique de référence du Québec parce qu'ils représentent un récipient associé à la présence ancienne des Basques sur le site et que seuls quelques éléments ont été trouvés en contexte subaquatique.

Les fragments de marmite ou de pot appartiennent à un récipient faisant partie de la vaisselle destinée à l'alimentation qui sert soit à la cuisson, soit à la conservation et au transport des aliments. Il est fabriqué en terre cuite rosâtre très grossière au coeur grisâtre et il comporte des inclusions blanches, petites et moyennes. Les traces de fabrication de l'objet témoignent d'un montage rapide et rudimentaire sur le tour, ainsi que de l'absence de soins lors de la finition et la cuisson. L'objet n'a pas été tournassé. Le dessous du fond est très inégal et a probablement subi un raclage rapide. À en juger seulement par le fond, il doit s'agir d'une céramique utilitaire de piètre qualité. Le grand diamètre du fond et la forte épaisseur de la paroi indiquent qu'il s'agit d'un récipient de grande taille. Un pot de cette taille aurait pu servir à conserver et à transporter des provisions de bouche. S'il s'agit d'une marmite, elle aurait permis la cuisson de repas près des braises, contrairement aux marmites à fond arrondi ou aplati et mince, qui étaient suspendues au-dessus du feu. La présence de suie et de noircissements, principalement sur la paroi extérieure, semble confirmer son utilisation pour la cuisson.

Fabriquée en Europe, fort probablement en Espagne ou en France, au XVIe ou au début du XVII siècle, cet objet est apporté à Petit Mécatina à bord d'un navire de pêche basque. Aucun pot complet de ce type n'est récupéré à l'île du Petit Mécatina, mais d'autres fonds plats faits de la même matière céramique ou d'une matière très similaire sont mis au jour ainsi que plusieurs hauts de pots ou marmites et le rebord d'un pot à anse. Le récipient, jeté par-dessus bord d'un navire ancré dans l'anse du Petit Mécatina, est découvert en août 2013 dans un sondage immédiatement au nord des monticules de pierres de lest SP-4 et SP-6.

Les pots et marmites à pâte de couleur rougeâtre généralement à fond plat sont des témoins importants des stations baleinières établies par les Basques à « Terranova » au XVIe siècle. Malgré leur ressemblance avec certaines productions céramiques françaises, leur véritable origine n'est pas encore connue et une provenance espagnole est aussi possible pour ces objets. Une analyse physico-chimique des objets, ou la découverte d'un site de production pourront éventuellement apporter des précisions. Le tesson EdBt-3-7656 de la marmite ou du pot a été détruit en 2016 afin d'effectuer des analyses physico-chimiques de la pâte.

À Petit Mécatina, ce type de récipient se retrouve presque exclusivement dans les dépôts subaquatiques. Il semble qu'ils sont surtout utilisés à bord des navires et très peu sur le site terrestre. La préparation des repas pour l'ensemble de l'équipage se faisait vraisemblablement dans un grand chaudron métallique sur un fourneau, plutôt qu'en petites quantités dans des marmites de volume somme toute limité. Les marmites ou pots en céramique servaient peut-être à la distribution des rations à des groupes composés de quelques personnes. Si ces récipients en céramique de grand volume servaient à la conservation d'aliments apportés d'Europe, il pouvait très bien s'agir de provisions personnelles des membres de l'équipage. Et une fois vidés de leur contenu d'origine, ces récipients pouvaient très bien remplir d'autres fonctions. Les marques incisées sur certains des objets de ce matériau pourraient identifier soit des propriétaires, soit des groupes de personnes à l'usage desquels ils sont destinés.