Laboratoire d'archéologie du Québec
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Pierre à feu ou pierre à fusil. Côté AImage
Photo : Joey Leblanc 2018, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Pierre à feu ou pierre à fusil. Côté BImage
Photo : Joey Leblanc 2018, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal

LOCALISATION

PROVENANCE ARCHÉOLOGIQUE+

Provenance archéologique

EdBt-3 > Numéro de catalogue 6725

Région administrative

Côte-Nord

MRC

Le Golfe-du-Saint-Laurent

Municipalité

Côte-Nord-du-Golfe-du-Saint-Laurent

Fonction du site

domestique
pêche

ÉVALUATION D'INVENTAIRE+

La pierre à feu ou pierre à fusil provenant de l'île du Petit Mécatina fait partie de la collection archéologique de référence du Québec parce qu'elle est associée soit à la production du feu, comme briquet, soit aux armes à feu, comme pierre à arquebuse ou à mousquet, par exemple.

SYNTHÈSES ET RÉFÉRENCES+

Synthèse historique

La pierre à feu ou pierre à fusil vient d'Europe et est utilisée par les Basques au XVIe ou au début du XVIIe siècle. Il s'agit d'un petit bloc de pyrite de fer avec trois faces planes et une quatrième face partiellement aplatie, le reste du fragment conservant sa surface originale minérale irrégulière. Un des rebords entre deux faces planes présente plusieurs micro-enlèvements obtenus par percussion. Cet objet a probablement servi comme élément d'un briquet à percussion pour créer des étincelles permettant d'allumer le feu ou comme pierre à fusil pour un mousquet ou une arquebuse avec un mécanisme à rouet.

Du XVIe au XIXe siècle et parfois même jusqu'au XXe siècle, le feu est généralement allumé à l'aide de briquets à percussion. Ces briquets comportent trois éléments, dont deux pour créer l'étincelle et un combustible permettant d'attiser le feu. Plusieurs combinaisons sont possibles, soit des briquets métal contre pierre, soit des briquets pierre contre pierre. L'élément en métal est idéalement en acier. Il peut s'agir d'un briquet, ou batte-feu, en forme d'étrier spécialement conçu pour cette tâche ou d'une simple lame de couteau. Un objet en fer tel un clou peut remplir cette tâche, quoique moins efficacement qu'un objet en acier. Le deuxième élément est une pierre, comme le silex. Mais autant l'acier que le silex peuvent être remplacés par une pierre ferreuse, soit un nodule de pyrite de fer ou de marcassite.

L'entrechoquement entre deux éléments de briquet crée une étincelle suffisamment chaude pour attiser un combustible, habituellement de l'amadou. C'est en fait le carbone contenu dans le fer de la marcassite, de la pyrite et de l'acier et la présence de soufre dans les pierres qui permettent d'obtenir une étincelle assez chaude pour allumer un combustible.

Le combustible idéal pour créer le feu est l'amadou, tiré de l'amadouvier, un champignon parasite de grande taille qui pousse sur certains arbres feuillus. Son utilisation pour le feu est attestée depuis la préhistoire. Une autre technique pour l'allumage du feu est le procédé par friction.

La pyrite de fer aurait pu servir de pierre à fusil pour une arme à feu utilisant un mécanisme à rouet, inventé au début du XVIe siècle et utilisant de la pyrite plutôt que du silex pour créer les étincelles qui enflamment la poudre à canon. Malheureusement, le site n'a pas livré de traces du type d'armes à feu utilisées par les Basques à cette époque ancienne. Des pierres à fusil en silex, ainsi qu'une batterie de fusils plus récente, ont été trouvées lors des treize années de fouilles sur le site, mais les contextes sont souvent perturbés ou associés à des pêcheurs français venus plus tard à l'île du Petit Mécatina, aux XVIIe et XVIIIe siècles.

La pierre à feu ou la pierre à fusil en pyrite de fer est trouvée à l'été 2012 dans un dépôt subaquatique situé immédiatement à l'ouest du grand monticule de pierres de lest SP 4. La couche associée a plus de 50 cm d'épaisseur comporte un grand nombre de déchets de bois témoignant du travail de charpentiers. Des pierres de lest du monticule voisin sont aussi associées à cette couche. Des restes alimentaires variés y sont mis au jour. Plus d'une trentaine de tessons associés à une marmite à fond arrondi, des petits objets en majolique espagnole, un fragment de chaussure, un fragment de plomb replié et des restes de cordage y sont découverts, de même que des clous forgés, une petite pierre en forme de disque, probablement un jeton de jeu, et un fragment de brai.

RÉFÉRENCES

COLLINA-GIRARD, Jacques. Le feu avant les alumettes. Expérimentation et mythes techniques. Archéologie expérimentale et ethnographie des techniques, 3. Paris, Éditions de la Maison des sciences de l'homme, 2016. 152 p.
DEAGAN, Kathleen. Artifacts of the Spanish Colonies of Florida and the Caribbean, 1500-1800. Volume 2: Portable Personal Possessions. Washington, D.C., Smithsonian Institution Press, 1987. 372 p.
FITZHUGH, William W. The Gateways Project 2012. Land and Underwater Excavations at Hare Harbor, Petit Mecatina and Little Canso Island. Rapport de recherche archéologique [document inédit], Smithsonian Institution/Université de Montréal/Artic Studies Center, 2013. 50 p.
HAMILTON, T.M. Colonial Frontier Guns. Union City, Pioneer Press, 1987. 176 p.
PETERSON, Harold L., dir. Encyclopedia of Firearms. New York, E.P. Dutton, 1964. 367 p.