Laboratoire d'archéologie du Québec
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Réchaud de table. Côté AImage
Photo : Joey Leblanc 2018, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Réchaud de table. Côté BImage
Photo : Joey Leblanc 2018, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Réchaud de table. Côté CImage
Photo : Joey Leblanc 2018, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Réchaud de table. Côté DImage
Photo : Joey Leblanc 2018, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Réchaud de table. Vue de dessusImage
Photo : Joey Leblanc 2018, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Réchaud de table. Vue de dessousImage
Photo : Joey Leblanc 2018, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Réchaud de table. Détail des incisions sous le piedImage
Photo : Joey Leblanc 2018, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Réchaud de table. Détail de la flèche incisée sur la face externeImage
Photo : Joey Leblanc 2018, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Réchaud de table. Détail du trou d'éventImage
Photo : Joey Leblanc 2018, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Réchaud de table. Détail de la pâteImage
Photo : Joey Leblanc 2018, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal

LOCALISATION

PROVENANCE ARCHÉOLOGIQUE+

Provenance archéologique

EdBt-3 > Numéro de catalogue 6558

Région administrative

Côte-Nord

MRC

Le Golfe-du-Saint-Laurent

Municipalité

Côte-Nord-du-Golfe-du-Saint-Laurent

Fonction du site

domestique
pêche

ÉVALUATION D'INVENTAIRE+

Le réchaud de table fait partie de la collection de référence archéologique du Québec parce qu'il présente des incisions identifiant possiblement son propriétaire et l'artisan potier qui l'a fabriqué.

SYNTHÈSES ET RÉFÉRENCES+

Synthèse historique

Le réchaud de table est probablement fabriqué par un artisan potier en Espagne ou en France au XVIe ou au début du XVII siècle. La coupe et le pied sont tournés séparément sur le tour de potier avant d'être assemblés. Les anses et les boutons sont aussi façonnés séparément puis ajoutés. Le fond de la coupe des réchauds à braises peut être percé, permettant l'évacuation des cendres ainsi que l'aération des braises. Ce réchaud est apporté à l'île du Petit Mécatina à bord d'un navire de pêche basque. Des analyses sur plusieurs fragments tentent de déterminer l'origine des pâtes céramiques utilisées.

Conçu pour recevoir de la braise ou de l'eau chaude, le réchaud a comme fonction principale la préparation et le service des aliments à la table, tout en ayant une certaine fonction ornementale. Ce réchaud ne présente aucune trace d'altération causée par l'exposition directe à des braises. En revanche, sa paroi intérieure vernissée rend la coupe étanche, favorisant l'utilisation d'eau. Il sert donc à cuire ou à réchauffer les aliments d'un récipient posé sur les boutons au sommet du réchaud. Étant donné le caractère relativement luxueux de cet objet, il est probable que son utilisation à table soit associée aux repas des officiers ou d'autres personnes de haut rang à bord des navires plutôt qu'à ceux des marins pêcheurs. En outre, le réchaud peut également servir de source de chaleur dans les différentes pièces d'un navire ou d'une habitation. Il peut aussi combler d'autres besoins divers, par exemple ceux d'un barbier-chirurgien qui, sur les navires, agit également comme médecin et qui a, à l'occasion, besoin d'un réchaud pour chauffer ou fondre certaines matières.

À l'île du Petit Mécatina, les divers types de récipients de céramique à pâte rouge se retrouvent presque exclusivement dans les dépôts subaquatiques. Cela suggère qu'ils sont surtout utilisés à bord des navires et très peu sur le site terrestre. La raison n'est pas claire, mais elle pourrait être associée au statut des utilisateurs. Or, plusieurs marques ornent ces objets, le réchaud n'y faisant pas exception avec ses nombreuses incisions. Celles-ci se composent d'un pentagramme, de lignes entrecroisées, d'un carré, ainsi que d'un « A » stylisé. En outre, une flèche pointant vers le haut ainsi qu'un motif triangulaire sont incisés sur la paroi extérieure. Ces incisions, présentes également sur d'autres objets trouvés sur le site, pourraient être des marques de propriété ou celles associées à un groupe de personnes ou à certains individus à qui ces objets sont destinés. Le pentagramme en particulier, une étoile à cinq branches, est un symbole dont les multiples significations à travers le temps sont démontrées. Il est plus tard associé à l'imagerie franc-maçonnique, où il symbolise le grade de compagnon. Quant au « A » stylisé, il représente possiblement une signature. De tels symboles gravés sur des barriques d'huile sont en effet identifiés comme des marques de marchands propriétaires. Ces marques sont généralement composées de leurs initiales représentées de façon stylisée.

Probablement à la suite d'un bris, le récipient est jeté par-dessus bord lors d'une expédition de pêche ou de chasse à la baleine. En 2012, un volumineux fragment représentant plus de la moitié de l'objet est mis au jour dans un sondage archéologique situé au nord de grands monticules de pierres de lest. Ce sondage renferme par ailleurs de nombreux autres objets de céramique, dont deux autres réchauds, des jarres à olives de terre cuite grossière ibérique, des écuelles en majolique aragonaise et des marmites. S'ajoutent à ces objets des pièces de barriques témoignant du travail des tonneliers, des restes alimentaires variés, des plats en bois, des anneaux de vannerie ou de cordage, un manche de couteau, des fragments de chaussures, des plombs de chasse, des perles en matériaux variés, une ancre de petite embarcation, des tuiles à toiture et des pierre de lest.

RÉFÉRENCES

CHAPELOT, Jean, dir. Potiers de Saintonge : huit siècles d'artisanat rural : Musée national des arts et traditions populaires, 22 novembre 1975 - 1er mars 1976. Paris, Éditions des Musées nationaux, 1975. 127 p.
DELMAS, Vincent. « Des Réchauds signés ». POTHIER, Louise, dir. Fragments d'humanité : Pièces de collections. Archéologie du Québec. Montréal, Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal/Éditions de l'Homme, 2016, p. 66.
FITZHUGH, William W. The Gateways Project 2012. Land and Underwater Excavations at Hare Harbor, Petit Mecatina and Little Canso Island. Rapport de recherche archéologique [document inédit], Smithsonian Institution/Université de Montréal/Artic Studies Center, 2013. 50 p.
GUADAGNIN, Rémy. Fosses - vallée de l'Ysieux. Mille ans de production céramique en Île-de-France. Vol. 2 : Catalogue typochronologique des productions. Caen, Publications du CRAHM, 2007. 735 p.