Laboratoire d'archéologie du Québec
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LOCALISATION

PROVENANCE ARCHÉOLOGIQUE+

Provenance archéologique

BjFj-101 > Opération 9 > Sous-opération D > Lot 17 > Numéro de catalogue 540

Contexte(s) archéologique(s)

Remblai

Région administrative

Montréal

MRC

Montréal

Municipalité

Montréal

Fonction du site

commerciale : poste de traite
religieuse
militaire
domestique
entreposage
halte, lieu de surveillance
agricole
institutionnelle
commerciale

ÉVALUATION D'INVENTAIRE+

La pointe triangulaire fait partie de la collection archéologique de référence du Québec, car elle constitue un rare exemple de technologie autochtone de la pierre taillée réalisée sur une matière première européenne durant la période historique, probablement celle du Régime français (1534-1760). La pointe de projectile représente aussi une intéressante persistance des traditions technologiques et typologiques autochtones durant la période historique. Il montre en effet la persistance du style de pointe triangulaire « Levanna » durant la période historique, alors que ce style est surtout caractéristique du Sylvicole moyen tardif (1 500 à 1000 ans avant aujourd'hui) et du Sylvicole supérieur (1 000 à 450 ans avant aujourd'hui). Il présente aussi un cas intéressant de recyclage présumé d'une pierre à fusil européenne pour en faire une arme de chasse ou de guerre traditionnelle autochtone.

SYNTHÈSES ET RÉFÉRENCES+

Synthèse historique

La pointe triangulaire de type « Levanna » est un objet servant probablement à armer un projectile pour la chasse, voire pour la guerre, peut-être à l'époque où la colonie française refuse encore de vendre des armes à feu aux Premières Nations. La pointe est faite vraisemblablement à partir d'un silex européen blond semblable à celui de nombreuses pierres à fusil importées en Nouvelle-France.

La pointe de projectile en silex ressemble au type « Levanna » surtout caractéristique du Sylvicole moyen tardif (1 500 à 1000 ans avant aujourd'hui) et du Sylvicole supérieur (1 000 à 450 ans avant aujourd'hui), bien qu'il se rencontre parfois durant la période de contact.
Elle est vraisemblablement fabriquée à partir d'une pierre à fusil sur lame, ce qui en fait un témoin de la persistance, durant la période historique, des technologies autochtones de fabrication des pointes de projectiles, tant sur le plan des techniques de production que sur celui du style. Le silex européen utilisé en est un de très haute qualité, ce qui a probablement motivé le tailleur à récupérer une pierre à fusil pour en faire une pointe de projectile.

Cela montre un intéressant travail de recyclage et d'adaptation d'une technologie ancienne sur un artéfact moderne pour l'époque. Le travail de l'artisan est de bonne qualité, ce qui montre que le savoir-faire issu des temps précoloniaux pour tailler cette pièce existe encore durant cette période. De plus, le contexte archéologique de la découverte et les caractéristiques macroscopiques de la pierre sont cohérents avec l'idée qu'il s'agisse de silex, matière qui n'existe pas à l'état naturel en Amérique du Nord.

L'artéfact est mis au jour en 2007 sur le site du domaine de Callière, un vaste terrain concédé en 1688 à Louis-Hector de Callière, alors gouverneur de Montréal. Celui-ci construit une somptueuse résidence, dont l'érection est achevée en 1695, puis détruite en 1765 lors d'un incendie. La pointe de projectile est retrouvée dans un dépôt de cendre associé à la couche d'occupation de la cour surmontant la portion supérieure remaniée du remblai du domaine de Callière.

Ce contexte est daté entre 1688 et 1805, mais la pointe de projectile est probablement davantage liée à la phase plus ancienne de cette fourchette de temps, donc à la période du Régime français (1534-1760). Elle est trouvée en association avec d'autres artéfacts autochtones, dont une pointe de projectile en pierre, une autre en cuivre et un tuyau de pipe en pierre.

RÉFÉRENCES

BÉLANGER, Christian et Brad LOEWEN. Fouilles archéologiques dans l'îlot Callière à Montréal, BjFj-101. Rapport d'activités 2007. Rapport de recherche archéologique [document inédit], MCCQ/Ville de Montréal/Université de Montréal, 2010. 169 p.