Laboratoire d'archéologie du Québec
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LOCALISATION

PROVENANCE ARCHÉOLOGIQUE+

Provenance archéologique

DiDt-8 > Opération 8 > Sous-opération M > Lot 2 > Numéro de catalogue 220

Contexte(s) archéologique(s)

Épave

Région administrative

Côte-Nord

MRC

Manicouagan

Municipalité

Baie-Trinité

ÉVALUATION D'INVENTAIRE+

La hache fait partie de la collection archéologique de référence du Québec parce qu'elle comporte des inscriptions gravées sur le manche, soit un compas et une équerre emboîtés, représentant le symbole franc-maçon. Elle aurait donc appartenu à un artisan ou à un compagnon charpentier. De plus, elle a été découverte dans une concrétion comprenant des vrilles de différents calibres.

SYNTHÈSES ET RÉFÉRENCES+

Synthèse historique

La hache, fabriquée avant 1690, est un outil lié au travail du bois. Incomplète, la hache comprend une partie du manche et trois sections de la tête. La hache comporte des inscriptions gravées sur le haut du manche, soit un compas et une équerre emboîtés. Ce symbole franc-maçon semble indiquer que cet outil est la propriété d'un artisan ou d'un compagnon charpentier.

La hache est un instrument formé d'une pièce de fer tranchante fixée à l'extrémité d'un manche. Sa fonction première est de couper et de fendre le bois. La taille et la longueur du tranchant de cette hache correspondraient à une hache à équarrir, laquelle est utilisée pour dégager l'écorce du billot et pour transformer un billot de bois rond en pièce de bois à angles droits.

C'est au Moyen Âge que le compagnonnage se développe, donnant progressivement naissance aux corporations de métier desquelles découle la franc-maçonnerie à la fin du XVIe siècle en Écosse, puis en Angleterre au siècle suivant et progressivement en France et ailleurs en Europe.

La grande majorité des haches des XVIe et XVIIe siècles sont produites dans la baie de Biscaye, et particulièrement à Bayonne. Les forgerons de Bayonne fabriquent des haches de deux formats principalement : des grandes et des petites. Même les Anglais vont commander des haches à Bayonne pour les besoins de la traite des fourrures. Selon certains auteurs, la Compagnie de la Baie d'Hudson cherche à s'attirer les alliés commerciaux des Français lorsqu'elle s'implante dans la baie d'Hudson et la baie James. Dans cette optique, elle décide de s'approvisionner auprès des mêmes fournisseurs que les Français afin de disposer des mêmes haches de traite.

Les haches biscayennes sont très répandues dans l'espace atlantique et ont été retrouvées dans de nombreux postes de traite et sur des sites militaires et domestiques. Il s'en trouve notamment au fort Pengouet, au fort Michilimackinac et au poste de traite de Chicoutimi.

Cette hache a été découverte en 1997 lors de fouilles subaquatiques réalisées dans l'épave du « Elizabeth and Mary », un navire britannique ayant sombré en 1690 lors du siège de Québec par William Phips. L'épave a été trouvée au fond de l'anse aux Bouleaux, à Baie-Trinité, dans la région de la Côte-Nord.

Cet artéfact a été découvert dans une concrétion comprenant un ensemble de vrilles de différents calibres. Ces outils appartiennent manifestement en propre à un charpentier ou à un menuisier, qui les a apportés à bord.

La grande majorité des têtes de hache étaient emballées dans des textiles enduits de brai, un goudron extrait du pin rouge, dans le but de protéger le fer contre l'eau et l'humidité.

RÉFÉRENCES

BERNIER, Marc-André, dir. L'épave du Elizabeth and Mary (1690). Fouilles archéologiques : Rapport d'activités 1997. Rapport de recherche archéologique [document inédit], Parcs Canada, 2008. 64 p.
BRADLEY, Charles, Phil DUNNING et Gérard GUSSET. « Material culture from the Elizabeth and Mary (1690): individuality and social status in a late 17th-Century New England assemblage ». ROY, Christian, dir. Mer et monde : questions d'archéologie maritime. Archéologiques, Collection Hors-série, 1. Québec, Associations des archéologues du Québec, 2003, p. 150-170.
DUFOUR, Marie et Michèle JEAN. 1690, l'attaque de Québec... Une épave raconte. Montréal, Pointe-à-Callière, Musée d'archéologie et d'histoire de Montréal, 2000. 78 p.
GLADYSZ, Kevin et Ken HAMILTON. « Axes in New France: Part I The Biscayan Axe ». Journal of the Early Americas. Vol. II, no IV (2012), p. 6-18.
GLADYSZ, Kevin et Ken HAMILTON. « Axes in New France: Part II French Colonial-made Axes ». Journal of the Early Americas. Vol. II, no V (2012), p. 6-15.
GLADYSZ, Kevin et Ken HAMILTON. « Axes in New France: Part III Casse-têtes (French Tomahawks) ». Journal of the Early Americas. Vol. II, no VI (2012), p. 6-19.
LAPOINTE, Camille. Les outils de Place-Royale. Collection Patrimoines, série Dossiers, 91. Sainte-Foy, Québec, Publications du Québec, 1994. 123 p.
MERCER, Henry C. Ancient carpenters' tools : illustrated and explained, together with the implements of the lumberman, joiner and cabinet-maker in use in the eighteenth century. Mineola, Dover Publications, 2000. 339 p.