Le fragment de tasse fait partie de la collection archéologique de référence du Québec parce qu'il a été trouvé dans la fosse maçonnée des latrines occidentales du second palais de l'intendant à Québec. Il témoigne de l'utilisation de la tasse en faïence par les intendants de la Nouvelle-France établis à Québec au cours du deuxième quart du XVIIIe siècle.

Ce fragment de tasse est en faïence blanche. Cette tasse devait faire partie d'un ensemble pour la consommation de boissons chaudes, composé d'articles comme des soucoupes et des tasses, et peut-être aussi d'une cafetière, d'une chocolatière et d'une théière, tous au décor assorti. Il est connu que l'élite française consommait le chocolat servi chaud au déjeuner le matin et préférait de façon nette le café au thé.

Les faïenceries françaises fabriquaient des tasses munies d'une anse verticale ou encore sans anse. Il est possible que ces dernières aient été désignées sous le vocable de « gobelet ».

La forme de la tasse correspond à celle produite en France au XVIIIe siècle. Toutefois, le rendu de son décor, d'inspiration chinoise, est plus proche des productions anglaises. Si la tasse provient bien de France, elle est davantage fabriquée dans le sud que dans le nord.

Bien que cet artéfact provienne d'un contexte archéologique daté entre 1768 et 1775 environ, il est possible que la tasse ait été importée dans la colonie avant 1759, soit à l'époque durant laquelle le palais est occupé par un intendant français. Cette tasse a pu être acquise et utilisée par les intendants Michel Bégon de la Picardière (1710-1724), Claude-Thomas Dupuy (1726-1728), Gilles Hocquart (1729-1748) ou François Bigot (1748-1759).

Une telle tasse devait être conservée dans une des salles des caves du palais, où se trouvent aussi la cuisine et l'office. Toutefois, il semble peu probable qu'elle ait survécu à l'incendie de 1725.

Cet artéfact a été mis au jour en 2005. Il provient du second palais de l'intendant à Québec, qui a été construit de 1715 à 1719. Sur les plans datés de 1715, de 1718 et de 1726, la cuisine et l'office se situent dans la partie ouest du palais, près de la fosse des latrines où est trouvé ce fragment de tasse. En effet, des latrines extérieures, aménagées sur deux étages, sont ajoutées près des flancs extérieurs des avant-corps latéraux ouest et est en 1721 ou 1722. Elles sont munies chacune d'une fosse maçonnée et voûtée et sont reliées au palais par des passerelles fermées.

Incendié en 1725, alors que seuls ses murs, voûtes et cheminées sont conservés, le palais est reconstruit en 1726.

Le second palais sert de résidence à quatre des intendants de la Nouvelle-France établis à Québec : Michel Bégon de la Picardière (1710-1724), Claude-Thomas Dupuy (1726-1728), Gilles Hocquart (1729-1748) et François Bigot (1748-1759).

À la suite de la reddition de la ville de Québec à l'armée britannique en septembre 1759, le second palais sert de quartiers à divers régiments de l'armée. L'armée britannique déserte le palais à l'automne 1775, lors du siège de Québec par les troupes américaines. Celles-ci investissent le palais pour quelque temps, avant d'en être chassées par les bombes tirées sur l'édifice par les artilleurs anglais. Le palais est alors incendié et ne sera jamais reconstruit.