Laboratoire d'archéologie du Québec
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Bague dite « jésuite ». FaceImage
Photo : Hendrik Van Gijseghem 2019, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Bague dite « jésuite ». Vue généraleImage
Photo : Hendrik Van Gijseghem 2019, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Bague dite « jésuite ». DétailImage
Photo : Hendrik Van Gijseghem 2019, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal

PROVENANCE ARCHÉOLOGIQUE+

Provenance archéologique

BhFl-1

ÉVALUATION D'INVENTAIRE+

La bague dite « jésuite » fait partie de la collection archéologique de référence du Québec parce qu'elle correspond à une variante rare du type stylistique « V-coeur ». Les chevrons placés au bas du V et les trois pointes gravées au-dessus du coeur pourraient représenter une couronne ou des flammes, ce qui en fait un exemplaire unique parmi les collections archéologiques québécoises.

SYNTHÈSES ET RÉFÉRENCES+

Synthèse historique

La bague dite « jésuite » est un modèle de bague moulé à décor gravé en alliage cuivreux. Le moulage consiste à mettre en forme le métal en fusion en le coulant dans un moule. Aux XVIIe et XVIIIe siècles, les bijoutiers utilisent de nombreuses techniques de moulage pour confectionner des parures en métaux précieux et semi-précieux, notamment la fonte à la cire perdue, la fonte dans des moules réutilisables et la fonte à l'os de seiche.

La technique de décoration utilisée est la gravure. Celle-ci consiste à entamer la surface du métal à l'aide d'un outil tranchant, comme un burin ou une pointe-sèche.

Le décor de cet artéfact, connu sous le nom de « V-coeur », possède une connotation sentimentale. Il s'agit en fait d'un rébus signifiant « mon coeur est à vous ». Dans la société française des XVIIIe et XIXe siècles, les hommes portent ces bagues lors de leurs fiançailles. Elles sont également offertes comme cadeaux galants pendant les fréquentations ou échangées en guise de promesse de mariage au moment des accordailles. La bague se distingue toutefois des autres bagues du même type par la présence de trois pointes au-dessus du coeur. Celles-ci pourraient représenter une couronne ou des flammes. Des chevrons sont également visibles en dessous du « V ». À l'époque des premiers contacts avec les Européens, plusieurs nations autochtones du nord-est américain considèrent le coeur comme le siège de la vie et du courage. Les parures décorées de ce motif sont très appréciées : elles permettent vraisemblablement d'accroître la force d'un individu ou d'évoquer sa bravoure.

En Nouvelle-France, la bague dite « jésuite » est un objet de parure porté à la fois par les Français et les Autochtones. Elle joue également un rôle important dans les relations franco-autochtones.

Cette bague, dont l'anneau est déformé, est mise au jour sur le site de la Pointe-du-Buisson , à Beauharnois. Sa facture grossière la distingue des autres bagues du même type découvertes jusqu'à maintenant sur les sites archéologiques nord-américains.

En 2018, elle est conservée à Pointe-du-Buisson, musée québécois d'archéologie situé à Beauharnois.

RÉFÉRENCES

MERCIER, Caroline. Bijoux de pacotille ou objets de piété? : les bagues dites « jésuites » revisitées à partir des collections archéologiques du Québec. Cahiers d'archéologie du CÉLAT, 34. Québec, Célat, 2012. 234 p.