Laboratoire d'archéologie du Québec
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Bague dite « jésuite ». FaceImage
Photo : Émilie Deschênes 2018, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Bague dite « jésuite ». Vue généraleImage
Photo : Émilie Deschênes 2018, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Bague dite « jésuite ». DétailImage
Photo : Émilie Deschênes 2018, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal

LOCALISATION

PROVENANCE ARCHÉOLOGIQUE+

Provenance archéologique

DbEl-9 > Numéro de catalogue 03-2207

Contexte(s) archéologique(s)

Campement
Commercial
Domestique
Poste

Région administrative

Côte-Nord

MRC

La Haute-Côte-Nord

Municipalité

Sacré-Coeur

Fonction du site

halte, lieu de surveillance
chasse

ÉVALUATION D'INVENTAIRE+

La bague dite « jésuite » fait partie de la collection archéologique de référence du Québec parce qu'elle correspond à une variante rare du type stylistique « L-coeur ». Les trois pointes gravées au-dessus du coeur pourraient représenter une couronne ou des flammes. Cela en fait un exemplaire unique parmi les collections archéologiques québécoises.

SYNTHÈSES ET RÉFÉRENCES+

Synthèse historique

La bague dite « jésuite » est confectionnée dans un alliage de bronze à faible titre d'étain qui se caractérise par sa couleur rougeâtre. Elle est associée au modèle de bague moulée à décor gravé. Ce modèle de bague aurait été fabriqué dans le Poitou et embarqué à La Rochelle, un port commercial particulièrement actif dans l'approvisionnement du Canada entre 1630 et 1720, environ.

Le moulage consiste à mettre en forme le métal en fusion en le coulant dans un moule. Aux XVIIe et XVIIIe siècles, les bijoutiers utilisent de nombreuses techniques de moulage pour confectionner des parures en métaux précieux et semi-précieux, notamment la fonte à la cire perdue, la fonte dans des moules réutilisables et la fonte à l'os de seiche.

La technique de décoration utilisée est la gravure. Celle-ci consiste à entamer la surface du métal à l'aide d'un outil tranchant, comme un burin ou une pointe-sèche.

Le décor de cet artéfact, connu sous le nom de « L-coeur », possède une connotation sentimentale. Il s'agit en fait d'un rébus signifiant « mon coeur est à elle ». Dans la société française des XVIIIe et XIXe siècles, les hommes portent des bagues ornées de ce rébus lors de leurs fiançailles. Ces bagues sont également offertes comme cadeaux galants pendant les fréquentations ou échangées en guise de promesse de mariage au moment des accordailles. La bague se distingue toutefois des autres bagues du même type par la présence de trois pointes au-dessus du coeur. Celles-ci pourraient représenter une couronne ou des flammes. À l'époque des premiers contacts avec les Européens, plusieurs nations autochtones du nord-est américain considèrent le coeur comme le siège de la vie et du courage. Les parures décorées de ce motif sont très appréciées : elles permettent vraisemblablement d'accroître la force d'un individu ou d'évoquer sa bravoure.

En Nouvelle-France, la bague dite « jésuite » est un objet de parure portée à la fois par les Français et les Autochtones. Ce type de bague joue également un rôle important dans les relations franco-autochtones.

La bague est incomplète : l'anneau est fragmenté et la plaque est légèrement altérée au sommet et à la base. Elle est mise au jour en 2003 à l'embouchure de la rivière Sainte-Marguerite, au Saguenay. Elle provient d'un campement qui pourrait avoir été occupé autant par des Autochtones que par des Européens. La quantité importante de clous forgés, associés à des marchandises de traite, laisse envisager la proximité d'un petit poste de traite en bois exploité de façon illicite quelque part entre le XVIe siècle et le début du XIXe siècle. La bague dite « jésuite » fait son apparition sur les sites archéologiques nord-américains dès le début du XVIIe siècle, peut-être même avant, et perdure jusque vers 1720.

RÉFÉRENCES

MERCIER, Caroline. Bijoux de pacotille ou objets de piété? : les bagues dites « jésuites » revisitées à partir des collections archéologiques du Québec. Cahiers d'archéologie du CÉLAT, 34. Québec, Célat, 2012. 234 p.