Laboratoire d'archéologie du Québec
< RETOUR À LA RECHERCHE

LOCALISATION

PROVENANCE ARCHÉOLOGIQUE+

Provenance archéologique

CcFd-19 > Opération 3 > Sous-opération C > Lot 14 > Numéro de catalogue 65

Contexte(s) archéologique(s)

Cour
Domestique

Région administrative

Mauricie

MRC

Trois-Rivières

Municipalité

Trois-Rivières

Fonction du site

religieuse
domestique
agricole

ÉVALUATION D'INVENTAIRE+

La bague dite « jésuite » fait partie de la collection archéologique de référence du Québec parce qu'elle est représentative du type stylistique « L-coeur », un décor qui se présente sous de nombreuses variantes et dont la qualité d'exécution varie considérablement à travers le nord-est américain.

SYNTHÈSES ET RÉFÉRENCES+

Synthèse historique

La bague dite « jésuite » est confectionnée dans un alliage de cuivre impur ou de laiton à faible titre de zinc. Les fondeurs des XVIIe et XVIIIe siècles ne distinguent pas nécessairement ces deux alliages, qui partagent plusieurs propriétés, dont une couleur rouge orangé, une grande malléabilité et une forte résistance à la corrosion. Elle est associée au modèle de bague moulée à décor gravé importé de France. Elle aurait été fabriquée dans le Poitou et embarquée à La Rochelle, un port commercial particulièrement actif dans l'approvisionnement du Canada entre 1630 et 1720, environ.

Le moulage consiste à mettre en forme le métal en fusion en le coulant dans un moule. Aux XVIIe et XVIIIe siècles, les bijoutiers utilisent de nombreuses techniques de moulage pour confectionner des parures en métaux précieux et semi-précieux, notamment la fonte à la cire perdue, la fonte dans des moules réutilisables et la fonte à l'os de seiche.

La technique de décoration utilisée est la gravure. Celle-ci consiste à entamer la surface du métal à l'aide d'un outil tranchant, comme un burin ou une pointe-sèche.

Le décor de cet artéfact, connu sous le nom de « L-coeur », possède une connotation sentimentale. Il s'agit en fait d'un rébus signifiant « mon coeur est à elle ». Dans la société française des XVIIIe et XIXe siècles, les hommes portent ce type de bagues lors de leurs fiançailles. Ces bagues sont également offertes comme cadeaux galants pendant les fréquentations ou échangées en guise de promesse de mariage au moment des accordailles. À l'époque des premiers contacts avec les Européens, plusieurs nations autochtones du nord-est américain considèrent le coeur comme le siège de la vie et du courage. Les parures décorées de ce motif sont très appréciées : elles permettent vraisemblablement d'accroître la force d'un individu ou d'évoquer sa bravoure. Il s'agit de l'un des décors les plus répandus sur les bagues à plaque dites « jésuites » découvertes en Amérique du Nord.

En Nouvelle-France, la bague dite « jésuite » est un objet de parure portée à la fois par les Français et les Autochtones. Ce type de bague joue également un rôle important dans les relations franco-autochtones.

Cette bague est mise au jour en 2003 sur le site de la place d'Armes de Trois-Rivières. Elle provient vraisemblablement d'une couche de sol associée à l'occupation de la cour arrière d'une habitation euroquébécoise (vers 1656-1770). La bague dite « jésuite » fait son apparition sur les sites archéologiques nord-américains dès le début du XVIIe siècle, peut-être même avant, et perdure jusque vers 1720.

RÉFÉRENCES

MERCIER, Caroline. Bijoux de pacotille ou objets de piété? : les bagues dites « jésuites » revisitées à partir des collections archéologiques du Québec. Cahiers d'archéologie du CÉLAT, 34. Québec, Célat, 2012. 234 p.