Laboratoire d'archéologie du Québec
< RETOUR À LA RECHERCHE
Balle. Vue généraleImage
Photo : Hendrik Van Gijseghem 2018, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal

LOCALISATION

PROVENANCE ARCHÉOLOGIQUE+

Provenance archéologique

BjFj-101 > Opération 5 > Sous-opération C > Lot 14 > Numéro de catalogue 1565

Contexte(s) archéologique(s)

Cour intérieure
Fort

Région administrative

Montréal

MRC

Montréal

Municipalité

Montréal

Fonction du site

commerciale : poste de traite
religieuse
militaire
domestique
entreposage
halte, lieu de surveillance
agricole
institutionnelle
commerciale

ÉVALUATION D'INVENTAIRE+

La balle fait partie de la collection archéologique de référence du Québec parce qu'elle a été trouvée dans le puits du fort de Ville-Marie.

SYNTHÈSES ET RÉFÉRENCES+

Synthèse historique

Cette balle a probablement été coulée à partir de plomb pur et a été moulée dans un moule portatif en deux parties. Elle ne semble pas avoir été tirée, ou du moins ne paraît pas avoir frappé une cible dure, car elle n'est pas déformée. La balle est utilisée comme projectile pour la chasse au gros gibier ou la guerre. Elle peut être chargée dans une arquebuse ou un fusil.

À cette époque, les balles ne sont pas identifiées par leur diamètre, mais par le nombre de balles nécessaires pour atteindre le poids d'une livre. Cette balle de 14 mm aurait été considérée comme de calibre 26 ou 28, puisque 26 ou 28 balles sont nécessaires pour obtenir une livre.

La balle a pu être envoyée déjà moulée en Amérique depuis l'Europe. Les quantités de balles moulées envoyées dans la colonie depuis la France se calculent alors selon le poids total des envois, en livres. Les balles sont expédiées dans de petits barils en bois, chacun en renfermant plusieurs milliers. Les soldats et les Autochtones semblent utiliser ces balles déjà moulées, fournies et expédiées par le roi de France, alors que les civils doivent mouler eux-mêmes leurs balles, à partir de plomb expédié depuis la France. À l'époque, le plomb est envoyé dans la colonie sous la forme de feuilles ou de lingots.

Cette balle a été mise au jour en 2004 sur le site du fort de Ville-Marie, à Montréal. Ce fort est construit en 1642, agrandi en 1643 et abandonné à partir de 1665, à la suite du départ de Paul de Chomedey de Maisonneuve, l'un des fondateurs de Ville-Marie. Le contexte archéologique de l'objet semble postérieur à 1665, mais il demeure possible qu'il ait été utilisé à l'époque du fort.

Il est possible que cette balle ait été perdue dans le fort par les soldats qui le protégeaient. Il se peut aussi que cette balle ait été tirée de l'extérieur du fort à l'intérieur de ce dernier par des Autochtones qui venaient escarmoucher. La balle aurait ainsi manqué sa cible et serait tombée sur le champ de parade. De nombreuses balles de divers calibres ont d'ailleurs été trouvées par les archéologues à l'intérieur du fort de Ville-Marie.

Cette balle semble avoir été calibrée pour une arquebuse. L'arquebuse est employée pour la chasse et rarement pour la guerre par les Français, car son mécanisme de mise à feu, la platine à rouet, est fragile. Toutefois, cette arme est utilisée pour la guerre par les Iroquois, qui sont armés par les Hollandais d'Albany et d'Orange, aux États-Unis actuels. Il est donc possible que cette balle d'arquebuse ait été tirée dans le fort de Ville-Marie par des Iroquois venus se battre. Aucune pièce d'arquebuse n'a cependant été trouvée dans le fort de Ville-Marie dans un contexte contemporain de cette balle. Par ailleurs, un canon d'arquebuse de ce calibre a été trouvé sur le site du fort Saint-Louis à Québec, dans un contexte contemporain du fort de Ville-Marie.

Des pierres à fusil en silex, contemporaines de cette balle, ont été découvertes dans le fort de Ville-Marie. Si cette balle servait à armer un fusil, elle pouvait être destinée aux défenseurs du fort.

RÉFÉRENCES

BÉLANGER, Christian et Brad LOEWEN. Fouilles archéologiques dans l'îlot Callière à Montréal, BjFj-101. Rapport d'activités de 2004. Rapport de recherche archéologique [document inédit], MCCQ/Ville de Montréal/Pointe-à-Callière/Université de Montréal, 2006. 148 p.
BRUSETH, James E. et Toni S. TURNER. From a watery grave : the discovery and excavation of La Salle's shipwreck, La Belle. College Station, A&M University Press, 2005. 159 p.
HAMILTON, T.M. Colonial Frontier Guns. Union City, Pioneer Press, 1987. 176 p.
L'ANGLAIS, Paul-Gaston. Analyse de la collection archéologique pour fins d’interprétation, site BjFj-101, Fort de Ville-Marie / Domaine de Callière. [Document inédit], Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal, 2015. 107 p.