Laboratoire d'archéologie du Québec
< RETOUR À LA RECHERCHE
Pierre à fusil. Face AImage
Photo : Julie Toupin 2017, © Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Pierre à fusil. Face BImage
Photo : Julie Toupin 2017, © Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal

LOCALISATION

PROVENANCE ARCHÉOLOGIQUE+

Provenance archéologique

DiDt-8 > Opération 14 > Sous-opération N > Lot 2 > Numéro de catalogue 122

Contexte(s) archéologique(s)

Épave

Région administrative

Côte-Nord

MRC

Manicouagan

Municipalité

Baie-Trinité

ÉVALUATION D'INVENTAIRE+

La pierre à fusil fait partie de la collection archéologique de référence du Québec parce qu'elle est associée à l'épave du navire Elizabeth and Mary (1690), site sur lequel elle a été trouvée lors de fouilles subaquatiques. De plus, elle est fabriquée sur lame, de tradition typiquement française, et témoigne de la variété des matières premières et de leur utilisation.

SYNTHÈSES ET RÉFÉRENCES+

Synthèse historique

La pierre à fusil, fabriquée avant 1690, est un composant du mécanisme de mise à feu d'une arme. Elle est faite d'un silex blond marbré de gris et de noir typique des carrières de silex françaises, et sa fabrication sur lame l'associe à une tradition française. Pour fabriquer cette pierre à fusil, il est nécessaire de détacher une lame d'un nucléus en silex. La lame est divisée en de plus petites sections qui sont retouchées pour créer les différentes faces biseautées d'une pierre à fusil. La présence d'une pierre de fabrication française dans l'épave est étonnante. Il se peut qu'elle ait été rapportée de Port-Royal, lors du raid effectué par Phips en mai 1690.

La pierre à fusil s'insère dans le chien d'un fusil disposant d'une platine à silex. Elle produit une étincelle en percutant la batterie en acier de la platine, ce qui enflamme la poudre et propulse le projectile. Le profil à plateau de la pierre taillée sur lame est typique de la taille sur lame. Au XIXe siècle, ce modèle est connu comme la grande fine à deux mèches. La pierre semble avoir été utilisée quelques fois, comme le montrent les petits négatifs d'enlèvements sur sa mèche.

La platine à silex est mise au point par le Français Marin Bourgeois au début du XVIIe siècle. Dispendieuse, elle mettra des décennies à remplacer les dispositifs de mise à feu de l'époque, soit la platine à mèche et la platine à rouet. La platine à silex, comme son nom l'indique, requiert l'emploi d'une pierre taillée dans ce matériau pour produire l'étincelle, en frappant la batterie en acier, qui met le feu à la poudre. Au XVIIe siècle, il existe deux types de taille pour les pierres en silex, sur éclat et sur lame; seule la France maitrise alors la technique sur lame. La pierre sur lame est de qualité supérieure et dure plus longtemps. Une pierre à pistolet peut être utilisée une dizaine de fois. Le soldat, comme le milicien, doit donc disposer d'une réserve.

Cette pierre à fusil est découverte en 1997 lors des fouilles subaquatiques menées dans l'épave du Elizabeth and Mary, un navire britannique ayant sombré en 1690 lors du siège de Québec par William Phips.

RÉFÉRENCES

BARNES, Alfred S. « L'Industrie des pierres à fusil par la méthode anglaise et son rapport avec le coup de burin tardenoisien ». Bulletin de la Société préhistorique française. Vol. 34, no 7-8 (1937), p. 328-335.
BERNIER, Marc-André, dir. L'épave du Elizabeth and Mary (1690). Fouilles archéologiques : Rapport d'activités 1997. Rapport de recherche archéologique [document inédit], Parcs Canada, 2008. 64 p.
NOËL HUME, Ivor. A guide to artifacts of colonial America. Philadelphie, University of Philadelphia Press, 2001. 323 p.
s.a. Les armes à feu portatives des armées officielles et leurs munitions par un officier supérieur. Paris, Librairie militaire de L. Baudoin, 1893. 251 p.