Laboratoire d'archéologie du Québec
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Chanteau de tonneau. Vue généraleImage
Photo : Émilie Deschênes 2017, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Chanteau de tonneau. Côté AImage
Photo : Émilie Deschênes 2017, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Chanteau de tonneau. Côté BImage
Photo : Émilie Deschênes 2017, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal

LOCALISATION

PROVENANCE ARCHÉOLOGIQUE+

Provenance archéologique

DiDt-8 > Opération 12 > Sous-opération N > Lot 2 > Numéro de catalogue 62

Contexte(s) archéologique(s)

Épave

Région administrative

Côte-Nord

MRC

Manicouagan

Municipalité

Baie-Trinité

ÉVALUATION D'INVENTAIRE+

Le chanteau de tonneau fait partie de la collection archéologique de référence du Québec parce qu'il est muni d'un bec verseur indiquant que le contenu du tonneau était consommé sur une base régulière. De plus, la surface interne du chanteau est partiellement brûlée, ce qui indique que le tonneau renfermait un liquide alcoolisé.

SYNTHÈSES ET RÉFÉRENCES+

Synthèse historique

Le chanteau de tonneau, fabriqué avant 1690, est un objet lié à la préparation et à la conservation des aliments. Cette pièce de bois de chêne semi-circulaire forme la partie latérale du fond de tonneau. Le chanteau porte des marques d'outils utilisés pour amincir l'arête semi-circulaire afin d'obtenir un chanfrein. À l'opposé du côté semi-circulaire, la pièce de bois est fendue et présente une arête inégale.

L'objet est muni d'un bec verseur doublé, possiblement, en étain. Il traverse le bois ainsi qu'une plaque d'étain située au revers du chanteau et il est ensuite replié et rabattu sur la plaque. La plaque est maintenue en place par une série de 12 rivets de fer. Ceux-ci, dont la plupart ont disparu, traversaient la pièce de bois.

Le chanteau est fracturé et il se pourrait que ce tonneau de petit diamètre ait disposé d'un fond d'une seule pièce. Au revers, le bois est brûlé, comme c'est le cas des barriques destinées à la conservation et au vieillissement de certaines boissons alcoolisées telles que le cognac, le whisky et le rhum. Le bois carbonisé donne un goût fumé à l'alcool. La présence d'un bec verseur montre que le contenu du tonneau est consommé sur une base régulière.
Les douves et les chanteaux de tonneaux sont généralement faits en chêne ou en hêtre. La fabrication des tonneaux est du ressort du tonnelier, un artisan spécialisé dans la fabrication et l'assemblage des différentes pièces de tonneau. La tonnellerie est une activité importante qui participe à l'expansion européenne dans le monde à partir du XVe siècle, notamment pour assurer le transport des denrées nécessaires aux expéditions maritimes, mais aussi pour le transport des produits transformés dans les colonies et expédiés vers les métropoles. C'est notamment le cas de l'huile de baleine, de la morue séchée ou verte, du rhum, du sucre et de la mélasse à cette époque.

Les tonneaux sont omniprésents sur les navires. Ils sont utilisés pour le transport de l'eau potable et pour l'entreposage de toutes sortes de denrées, comme le poisson, le lard ou le bœuf salé, la farine et certaines boissons telles que le rhum.

Ce chanteau de tonneau a été découvert en 1996 lors de fouilles subaquatiques réalisées dans l'épave du « Elizabeth and Mary », un navire britannique ayant sombré en 1690 lors du siège de Québec par William Phips. L'épave a été trouvée au fond de l'anse aux Bouleaux, à Baie-Trinité, dans la région de la Côte-Nord.

Selon certains documents, la flotte de sir William Phips était divisée en trois groupes, chacun comprenant une dizaine de navires. Le « Elizabeth and Mary », qui faisait partie du premier groupe en compagnie du navire amiral « Six Friends », servait de garde-manger à une partie de l'escadre, c'est-à-dire la force de guerre navale. Avant que l'expédition quitte le Massachusetts, un comité de cinq personnes a veillé à pourvoir aux besoins des équipages : denrées pour la traversée, contenants pour transporter l'eau potable et le rhum.

RÉFÉRENCES

BERNIER, Marc-André, dir. L'épave du Elizabeth and Mary (1690). Fouilles archéologiques : Rapport d'activités 1997. Rapport de recherche archéologique [document inédit], Parcs Canada, 2008. 64 p.
BERNIER, Marc-André, Robert GRENIER et Willis STEVENS. L'archéologie subaquatique de Red Bay : la construction navale et la pêche de la baleine basques au XVIe siècle. Vol. 2. Ottawa, Parcs Canada, 2007. 258 p.
BRADLEY, Charles, Phil DUNNING et Gérard GUSSET. « Material culture from the Elizabeth and Mary (1690): individuality and social status in a late 17th-Century New England assemblage ». ROY, Christian, dir. Mer et monde : questions d'archéologie maritime. Archéologiques, Collection Hors-série, 1. Québec, Associations des archéologues du Québec, 2003, p. 150-170.
DAGNEAU, Charles. La culture matérielle des épaves françaises en Atlantique nord et l'économie-monde capitaliste, 1700-1760. Université de Montréal, 2008. 578 p.
MARCIL, Eileen Reid. Les tonneliers du Québec. Ottawa, Musée national de l'Homme, 1983. 128 p.
REUSSNER, André. « L'hygiène navale à la fin du XVIIIe siècle ». Revue de l'histoire des colonies françaises. Vol. 19, no 79 (1931), p. 35-54.