Laboratoire d'archéologie du Québec
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Contenant à crème. Vue généraleImage
Photo : Mathieu Landry 2023, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal

Collections archéologiques de la Ville de Québec
Contenant à crème et couvercle. DessusImage
Photo : Mathieu Landry 2023, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal

Collections archéologiques de la Ville de Québec
Contenant à crème et couvercle. DessousImage
Photo : Mathieu Landry 2023, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal

Collections archéologiques de la Ville de Québec
Contenant à crème. ProfilImage
Photo : Mathieu Landry 2023, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal

Collections archéologiques de la Ville de Québec

PROVENANCE ARCHÉOLOGIQUE+

Provenance archéologique

CeEt-950 > Opération 6 > Sous-opération A > Lot 20 > Numéro de catalogue 2

Contexte(s) archéologique(s)

Latrines

ÉVALUATION D'INVENTAIRE+

Le contenant à crème a été sélectionné pour la collection archéologique de référence du Québec, car il témoigne des pratiques cosmétiques ayant cours à Québec au XIXe siècle.

SYNTHÈSES ET RÉFÉRENCES+

Synthèse historique

Le contenant à crème est fabriqué en terre cuite fine blanche entre 1844 et 1881 à Québec. L'inscription se trouvant sur le couvercle permet d'identifier son contenu ainsi que le fabricant de cette crème, Joseph Bowles (1815-1897). Irlandais d'origine, Joseph Bowles s'établit dans la ville de Québec avec sa famille en 1831 à l'âge de 16 ans. Il apprend le métier chez l'apothicaire J. J. Sims de Québec, avec qui il ouvre en 1841 « Sims and Bowles Apothecary Shop » au coin des rues de la Fabrique et Sainte-Famille. En 1844, Bowles se trouve dans la pharmacie « Medical Hall » située au 2 rue de la Fabrique, avant de déménager dans le marché de la Haute-Ville en 1848. Dans les années 1860, il possède deux adresses, l'une sur la rue de la Fabrique et l'autre sur la rue d'Auteuil. Bowles prend sa retraite en 1873 et s'établit au Kent, en Angleterre, où il réside jusqu'à sa mort en 1897.

Le contenant à crème est un récipient utilisé pour la vente et la conservation des crèmes cosmétiques. D'après les inscriptions imprimées en noir sur le couvercle, ce pot contient de la « Cold Cream » à l'origine. Encore produite aujourd'hui, cette crème est vraisemblablement inventée par le physicien Galen entre 130 et 201 de notre ère en produisant une émulsion avec de l'eau, de la cire d'abeille fondue, de l'huile d'olive et parfois de l'eau ou de l'huile de rose. Très populaire au cours du XIXe siècle, chaque apothicaire possède sa propre variante de la « Cold Cream ». D'après le contexte de sa découverte, la crème serait utilisée par Horatio Smith Anderson (1813-1867) et sa famille entre 1850 et 1870. Horatio est l'un des fils d'Anthony Anderson, premier propriétaire de la demeure Hedley Lodge, située dans le quartier de Limoilou, à Québec. Horatio prend possession de la demeure familiale après le décès de son père en 1847. Il y réside avec sa femme Eliza Hunt Garland, fille du prolifique marchand James Hunt, et leurs neuf enfants. Horatio S. Anderson est avocat, codirecteur de l'Union Building Society de Québec, membre de la St. George Society et de la loge maçonnique de Québec. Après le décès d'Horatio en 1867, Eliza, alors veuve, demeure à Hedley Lodge brièvement avant de s'installer avec ses enfants dans le quartier Saint-Louis. Le contenant à crème serait alors rejeté dans les latrines peu avant leur départ vers 1870 avec un ensemble de plusieurs autres objets domestiques.

Le contenant à crème est mis au jour en juin 2019 sur le site archéologique Anderson, situé dans le quartier Limoilou de la ville de Québec. Le site doit son nom au grand propriétaire terrien Anthony Anderson, qui y fait construire Hedley Lodge au début du XIXe siècle. Après le décès de son fils à la fin des années 1860, le site est occupé par Charles Théodore Pitl (vers 1834-1897) et sa famille. À son décès en 1897, ses deux enfants survivants, Charles-Georges et Mathilda, quittent Hedley Lodge. La propriété connait plusieurs propriétaires et locataires au cours du XXe siècle, jusqu'à sa démolition vers 1970. Le site est alors converti en stationnement et devient le lieu du chantier-école en archéologie de l'Université Laval de 2017 à 2019.

Le contenant a été découvert dans une fosse de latrines construite en 1850 par Horatio Smith Anderson. Il a été retrouvé dans une couche associée au rejet spontané dans la fosse d'aisances d'un ensemble d'objets domestiques, probablement associé à leur départ de Hedley Lodge. En effet, la partie inférieure de la fosse d'aisances semble témoigner d'un dépôt unique d'objets domestiques comprenant des ensembles assortis de vaisselle, de verrerie de table, de pots de chambre, etc. La fosse des latrines est ensuite fermée à la fin du XIXe siècle, alors que la demeure continue d'être occupée jusqu'à sa démolition à la fin des années 1960.

RÉFÉRENCES

BLAKEMAN, Alan. A Collectors Guide, Advertising Pot Lids : Bears Grease, Cold Cream, Toothpaste, Food & Hair Products with Price Guide. Barnsley, Royaume-Uni, BBR Publishing, 1998. 69 p.
BLANCHARD, Marine, Olivier GRATTON et Camille THÉRIAULT. Le site Anderson (CeEt-950). Rapport d'intervention des sous-opérations 5A, 5B et 6A, 2019. Rapport de recherche archéologique [document inédit], Université Laval / Ville de Québec, 2021. s.p.
CRISSEY, John Thorne et Lawrence Charles PARISH. « Cosmetics: A historical review ». Clinics in Dermatology. Vol. 6, no 3 (1988), p. 1-4.