Laboratoire d'archéologie du Québec
< RETOUR À LA RECHERCHE
Couvercle de contenant à onguent. DessusImage
Photo : Mathieu Landry 2023, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal

Collections archéologiques de la Ville de Québec
Couvercle de contenant à onguent. DessousImage
Photo : Mathieu Landry 2023, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal

Collections archéologiques de la Ville de Québec
Couvercle de contenant à onguent. ProfilImage
Photo : Mathieu Landry 2023, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal

Collections archéologiques de la Ville de Québec

PROVENANCE ARCHÉOLOGIQUE+

Provenance archéologique

CeEt-950 > Opération 6 > Sous-opération A > Lot 20 > Numéro de catalogue 1

Contexte(s) archéologique(s)

Latrines

ÉVALUATION D'INVENTAIRE+

Le contenant à onguent a été sélectionné pour la collection archéologique de référence du Québec, car il s'agit d'un type de contenant pharmaceutique au couvercle décoré typique du XIXe siècle. Il témoigne également des habitudes en matière de santé et de soins pratiquées par la famille Anderson lors de leur séjour à Hedley Lodge (1850-1870).

SYNTHÈSES ET RÉFÉRENCES+

Synthèse historique

Le contenant à onguent est fabriqué en terre cuite fine blanche à Londres, en Angleterre entre 1839 et 1867 d'après les inscriptions imprimées sur l'objet. Le contour du couvercle présente un décor imprimé de feuilles d'acanthe, alors qu'en son centre se trouve une série d'inscriptions permettant d'identifier le fabricant du produit, l'adresse de la manufacture ainsi que le descriptif du produit.

Le contenant à onguent est un récipient utilisé pour conserver des onguents. Celui-ci contient à l'origine un baume fabriqué par la firme Thomas Holloway située au 244 rue Strand, à Londres. Holloway entreprend une formation en 1816 chez « Harvey's Chemist » à Penzance, en Angleterre. Il devient marchand dans le nord de la France en 1828, puis revient en Angleterre en 1836 pour créer sa propre entreprise en 1839 au 244, Strand Street à Londres. En 1867, l'entreprise déménage ses bureaux au 533 New Oxford Street. L'adresse inscrite sur le couvercle est le 244 Strand, Londres, ce qui permet de supposer qu'il aurait été fabriqué entre 1839 et 1867. Cet onguent est vendu à l'époque comme remède contre la goutte, les rhumatismes, les ulcères ainsi que pour apaiser les douleurs à la poitrine et les maux de tête. La recette, longtemps demeurée secrète, est finalement dévoilée en 1880 dans un article paru dans le périodique « Chemist and Druggist ». L'onguent est conçu à base d'aloès, de racines de rhubarbe, de gingembre ainsi que de cannelle, de cardamome, de roses, de safran, de sel de Glauber et de sulfate de potassium. Ce produit connait une grande popularité; il est vendu en Angleterre et aux États-Unis, ainsi qu'au Moyen-Orient (Turquie, Égypte, Perse) et en Chine.

Le contenant à onguent est mis au jour en juin 2019 sur le site archéologique Anderson, situé dans le quartier Limoilou de la ville de Québec. Le site doit son nom au grand propriétaire terrien Anthony Anderson, qui y fait construire Hedley Lodge au début du XIXe siècle. Son fils Horatio prend possession de la demeure familiale après le décès de son père en 1847. Il y réside avec sa femme Eliza Hunt Garland, fille du prolifique marchand James Hunt, et leurs neuf enfants. Horatio S. Anderson est avocat, codirecteur de l'Union Building Society de Québec, membre de la St. George Society et de la loge maçonnique de Québec. Après le décès d'Horatio en 1867, Eliza, alors veuve, demeure à Hedley Lodge brièvement avant de s'installer avec ses enfants dans le quartier Saint-Louis. Le site est ensuite occupé par Charles Théodore Pitl (vers 1834-1897), consul d'Allemagne, et sa famille. À son décès en 1897, ses deux enfants survivants, Charles-Georges et Mathilda, quittent Hedley Lodge. La propriété connait plusieurs propriétaires et locataires au cours du XXe siècle, jusqu'à sa démolition vers 1970. Le site est alors converti en stationnement et devient le lieu du chantier-école en archéologie de l'Université Laval de 2017 à 2019.

Le contenant à onguent a été découvert dans une fosse de latrines construite en 1850 par Horatio Smith Anderson. Il a été retrouvé dans une couche associée au rejet spontané dans la fosse d'aisances d'un ensemble d'objets domestiques, probablement associé à leur départ de Hedley Lodge. En effet, la partie inférieure de la fosse d'aisances semble témoigner d'un dépôt unique d'objets domestiques comprenant des ensembles assortis de vaisselle, de verrerie de table, de pots de chambre, etc. La fosse des latrines est ensuite fermée à la fin du XIXe siècle, alors que la demeure continue d'être occupée jusqu'à sa démolition à la fin des années 1960.

RÉFÉRENCES

BLAKEMAN, Alan. A Collectors Guide, Advertising Pot Lids : Bears Grease, Cold Cream, Toothpaste, Food & Hair Products with Price Guide. Barnsley, Royaume-Uni, BBR Publishing, 1998. 69 p.
BLANCHARD, Marine, Olivier GRATTON et Camille THÉRIAULT. Le site Anderson (CeEt-950). Rapport d'intervention des sous-opérations 5A, 5B et 6A, 2019. Rapport de recherche archéologique [document inédit], Université Laval / Ville de Québec, 2021. s.p.
HOLLOWAY, Verity. The Mighty Healer: Thomas Holloway's Victorian Patent Medicine Empire. Barnsley, Royaume-Uni, Pen & Sword History, 2016. 224 p.
HOUGHTON, R. J. et M. R. PRIESTLEY. Historical Guide to Delftware and Victorian Ointment Pots. Londres, R. J. Houghton and M. R. Priestley, 2005. 148 p.