Laboratoire d'archéologie du Québec
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Tuile à touraillage. Vue généraleImage
Photo : Mathieu Landry 2022, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal

Collections archéologiques de la Ville de Québec
Tuile à touraillage. Face AImage
Photo : Mathieu Landry 2022, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal

Collections archéologiques de la Ville de Québec
Tuile à touraillage. Face BImage
Photo : Mathieu Landry 2022, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal

Collections archéologiques de la Ville de Québec
Tuile à touraillage. Vue de côtéImage
Photo : Mathieu Landry 2022, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal

Collections archéologiques de la Ville de Québec
Tuile à touraillage. Vue de côtéImage
Photo : Mathieu Landry 2022, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal

Collections archéologiques de la Ville de Québec
Tuile à touraillage. Vue de détailImage
Photo : Mathieu Landry 2022, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal

Collections archéologiques de la Ville de Québec

PROVENANCE ARCHÉOLOGIQUE+

Provenance archéologique

CeEt-30 > Couche stratigraphique 10D3 > Numéro de catalogue 1

Contexte(s) archéologique(s)

Brasserie

ÉVALUATION D'INVENTAIRE+

La tuile à touraillage a été sélectionnée pour la collection archéologique de référence du Québec, car elle indique la présence d'un four à malt à la brasserie Boswell à partir du milieu du XIXe siècle, alors que Joseph K. Boswell devient propriétaire du site. Elle témoigne ainsi du processus de séchage du grain dans les activités de production de la bière de cette brasserie.

SYNTHÈSES ET RÉFÉRENCES+

Synthèse historique

La tuile à touraillage en terre cuite commune non vernissée est fabriquée de manière industrielle au cours de la deuxième moitié du XIXe siècle, probablement en Angleterre. De forme carrée, la tuile est plate et de couleur brun rougeâtre foncé. Elle est perforée de trous circulaires, disposés en groupes de huit, qui forment des sortes de marguerites réparties sur l'ensemble de la surface. Le dos est ponctué d'empreintes en cercles dans l'épaisseur de la tuile, formées par une matrice cylindrique dotée de petites tiges produisant les perforations et les motifs en surface. Ces techniques de production mécanique et industrielle commencent à être appliquées en Angleterre vers 1840.

La tuile à touraillage est un matériau de recouvrement servant au séchage des céréales entrant dans la fabrication de boissons alcoolisées, dont la bière. Ces plaques perforées forment une sole, appelée touraille, construite dans une malterie sur laquelle les grains à sécher sont déposés. Le touraillage suit le trempage et la germination des céréales et précède l'étape de la mouture du grain. Cette étape fait cesser la germination et permet au malt de développer ses qualités pour la fabrication d'alcool. Le grain peut être séché à l'air libre ou au moyen d'une source de chaleur artificielle comme un four, ou en combinant ces deux méthodes.

D'après les découvertes archéologiques, les surfaces de touraillage sont largement utilisées au Québec de la fin du XVIIIe siècle jusqu'à la fin du XIXe siècle. Il en existe plus de huit modèles, facilement identifiables par la présence de groupes de petits trous et de grosses empreintes au-dessous. Plusieurs types de tuiles peuvent se retrouver dans la composition d'une même touraille, à la suite de bris et de réparations. Certaines tuiles possèdent des marques de fabricants britanniques, mais il est aussi possible, étant donné le nombre élevé de brasseries et de distilleries dans la région de Québec, que certaines soient produites localement. La deuxième moitié du XIXe siècle voit l'arrivée de nouvelles méthodes de séchage du malt. L'utilisation de la tuile à touraillage décline ensuite graduellement, jusqu'à son abandon définitif par la brasserie Boswell vers 1911.

La tuile à touraillage est mise au jour en 1983 sur le site de l'îlot des Palais, à Québec, parmi les débris de démolition associés aux ruines de la tourelle de l'ancienne brasserie Boswell.

Le brasseur de Québec Joseph Knight Boswell (1812-1890) commence à travailler pour le brasseur John Racey vers 1830. En 1842, Boswell loue les installations de Racey pour établir la Anchor Brewery. En 1852, il fonde une nouvelle brasserie sur la rue Saint-Vallier sur le site de l'ancienne brasserie Talon (1668-1675). Cette nouvelle brasserie est à l'origine d'une des plus grandes entreprises brassicoles du Québec. Boswell transforme le site en ajoutant de nouvelles installations, dont deux tours associées à des tourailles et un atelier de tonnellerie. L'entreprise est prospère, mais Boswell connait des difficultés financières. En 1887, elle est rachetée par la « Boswell and Brother », exploitée par ses fils, James et Vesey. La brasserie mise sur des installations modernes et fait l'objet de nombreux agrandissements. La brasserie s'incorpore à la National Breweries Ltd en 1909, puis cette dernière est acquise en 1952 par les Brasseries canadiennes de Toronto, qui devient, en 1968, la brasserie O'Keefe Ltd. Cette transaction permet la fusion des brasseries Dow, Dawes, Frontenac et Boswell pour créer la Dow Brewery Limited. La brasserie Dow connait un immense succès jusqu'en 1966, alors qu'une rumeur publique relie le décès de 16¿personnes à la consommation de la bière Dow. La production de la brasserie de Québec est alors arrêtée et celle-ci est approvisionnée par la brasserie de Montréal. Au cours des années suivantes, plusieurs fusions ont lieu, jusqu'à la fermeture complète des activités en 1991.

RÉFÉRENCES

FISET, Richard. Brasseries et distilleries à Québec (1620-1900) : Profil d'archéologie industrielle. Université Laval, 2001. 538 p.
FORTIN, Michel et Marcel MOUSSETTE. Le site du premier palais de l'intendant à Québec (CeEt-30) : rapport préliminaire de la deuxième campagne de fouilles, 1983. Rapports et Mémoires de recherche du CÉLAT, 3. Québec, CÉLAT, 1984. 43 p.
MOUSSETTE, Marcel. Le site du Palais de l'Intendant à Québec : Genèse et structuration d'un lieu urbain. Nouveaux cahiers du CÉLAT, 10. Québec, Septentrion, 1994. 229 p.
QUESNEL, Annie. Le site du Premier palais de l'intendant à Québec : rapport préliminaire de la septième campagne de fouilles (1988). Rapports et Mémoires de recherche du CÉLAT, 20. Sainte-Foy, CÉLAT, Université Laval, 1991. 219 p.